A lire en guise de préambule, quelques réflexions de Miquèu Montanaro à son retour des dernières Assises du CPMDT.
La Borne, inénarrable petit village de potiers du nord Berry, pôle incontournable de la poterie mondiale (plusieurs siècles de tradition céramique, plusieurs dizaines d'artisans et d'ateliers)… ce lieu fut tout désigné pour ces VIèmes Assises du collectif, accueillies et co-organisées cette année par le Grand Barbichon Prod. (GBB) dont les bureaux siègent à Henrichemont, à 4 km de là.
Du 31 janvier au 2 février nous étions donc vingt à nous y retrouver et y séjourner : Marc Anthony, Jean-Pierre Aufort, Virginie Basset, Isabelle Bazin, Lina Bellard, Sébastien Berthet, Laurence Bourdin, Colin Delzant, Julie Garnier, Grégory Jolivet, Jean Léger, Margaux Liénard, Benjamin Macke, Stéphane Milleret, Miquèu Montanaro, Camille Passeri, Dominique Petetin, Christophe Sacchettini, Boris Trouplin, et Jean-François Vrod.
Après le premier déjeuner d'accueil au café-restaurant « Le Kilomètre », nous entamons les festivités autour de la présentation de deux projets musicaux récents et ouverts sur des influences « actuelles ».
Grégory détaille cette proposition en trio issue de son album solo et nourrie d'influences rock diverses (rock des années 70, shoegaze [My bloody Valentine], post-rock [Tortoise], rock indé, Kaki King, Sonic Youth…), de techniques développées sur sa vielle alto électrique (tapping, pédales d'effets…), mue par un esprit très indé (auto-production, référence à l'univers du skate…) ainsi que par une destination scénique orientée musiques actuelles : bars, tremplins rock, SMAC…
Quelques écoutes d'extraits de CDs des groupes cités et d'Oli Wheel concluent ce témoignage.
Stéphane retrace chronologiquement les étapes partagées avec Norbert Pignol dans leur volonté de traiter le son des accordéons diatoniques et de faire de l'électro avec l'accordéon et les canons de la musique trad. Il cite les collaborations importantes et nécessaires avec, entre autres, Alexis Bérar, Daniel Bartoletti, ainsi que des ingénieurs du son extérieurs au milieu des musiques trad. Le travail de composition s'effectua en amont des questions techniques qui ne furent pas légères : sur cinq semaines de résidence, trois furent exclusivement consacrées au son.
La première eut lieu en janvier 2010, et suivirent dix-neuf concerts pour cette année, avec un bon accueil dans le milieu trad, mais moins évident dans le milieu électro.
La présentation se poursuit avec une écoute d'extraits sonores de MKF Trio, et se prolonge par des discussions nourries : quelle musique jouer pour quel public et dans quel réseau ? Avec son corollaire : quelle communication pour nos musiques ?
La première soirée voit se transformer la salle des repas en cinéma, et nous plongeons dans la projection du poétique « Architecte », premier moyen métrage de Samuel Buton.
Cette journée s'articule entre musiques en direct et récits passionnés, passionnants et tentaculaires portés par un Valentin hors du commun - son parcours atypique, sa relation à la vielle, à la lutherie, au bidouillage, à l'intuition, à la musique, à la vie… Ces riches heures donnent lieu à de nombreuses digressions et se muent en un échange libre entre nous tous.
Fidèles à nos habitudes, nous faisons de ce mardi soir une soirée-concert au « Kilomètre », avec les musiciens présents aux Assises ; concert hautement improvisé et mélodico-bruitiste qui ne passe pas inaperçu auprès du public bornois réuni !
Sébastien, 25 ans, parle de son parcours préalable à Poitiers avant son « retour au pays » pour y ancrer sa récente structure initiée autour des projets de Grégory Jolivet.
Aujourd'hui, après deux années d'existence, le catalogue rassemble une quinzaine de propositions en bals ou en musiques à écouter, avec des groupes et des personnalités de toute la France, ainsi que de Belgique et d'Angleterre. Souhaitant proposer à ses artistes des aides à la diffusion, à la promotion, et à la production, le GBB bataille ferme entre initiatives, démarchage, structuration du réseau, implication locale, et demandes de subvention pour pérenniser l'emploi de son unique salarié.
De nombreuses questions de l'assemblée autour du fonctionnement du GBB viennent alimenter l'exposé de Sébastien.
Depuis le début des années 70 en Bretagne, Bertrand se frotte de près aux activités « péri-artistiques » : il monte des tournées avec un projet théâtral, puis il tient un café cabaret de 83 à 86, avant de se mettre à travailler avec des grands noms de la musique bretonne : Jacques Pellen, Kristen Noguez, Gwerz… Il rentre alors au CA du Centre Régional de la chanson à Lorient où il créé le Manège en Chantier, scène de musiques actuelles, avant de devenir programmateur au Festival des Tombées de la Nuit à Rennes avec Bernard Subert.
En 1993, il quitte Lorient et part vivre à Langonned en Kreiz Breizh (Centre Bretagne) où il achète un ancien hôtel restaurant et monte « La Grande Boutique » pour en faire un lieu de pratique artistique. Dans le même temps, il crée le « Plancher » festival itinérant sur les départements 22, 29, 56 avec des partenaires associatifs. Enfin, avec Jacky Molard, il co-fonde les labels Innacor et Inna +.
La gouaille de Bertrand et son parcours rebondissant nous tiendront en haleine jusqu'après 16h.